lundi 31 août 2009


Notre voyage en Inde au mois d'août 2009 nous a emmené de Calcutta à Darjeeling, Kalimpong, puis Gangtok, au Sikkim. Nous sommes ensuite retournés vers Calcutta en voiture en traversant le Bengale occidental (étapes à Malda et Shantiniketan).

Mes parents, juste avant que nous ne partions, m'avaient dit qu'ils parrainaient depuis plusieurs années un enfant à Gangtok, grâce à l'association "Le Toit Du Monde" : ils donnent 21 euros par mois pour que cet enfant puisse être scolarisé. Ils nous ont communiqué un contact à Gangtok pour que nous puissions le rencontrer.
Nous voici donc à l'hôtel Tibet de Gangtok, ou l'on m'apprend que je pourrais rencontrer M. Nyima, le secrétaire local de l'association, le lendemain matin à son bureau du Tibetan Welfare Office, situé au-dessus du Café Tibet (décidément...).
Je m'y rends donc le lendemain à l'heure dite, et je suis accueilli par un homme charmant et très chaleureux, qui me présente à ses collègues et à son directeur, et où j'apprends que le Tibetan Welfare Office est une organisation qui dépend du gouvernement tibétain en exil, et a une mission sociale et culturelle auprès de la communauté tibétaine. A ce titre ils travaillent en étroite collaboration avec "Le Toit du Monde", et gèrent et suivent le programme de parrainage d'enfants au sein notamment de la Thumi Sambhota Tibetan School de Gangtok.
Nyima est ravi de notre initiative de venir rendre visite à cet enfant. Nous le cherchons dans son listing, et le voici : nous prenons rendez-vous pour aller rencontrer Nawang Namgyal, 15 ans, l'après-midi même.

A 14h, Nyima nous accueille au Welfare Office avec des écharpes blanches qu'il nous offre en signe de bienvenue... Nous prenons un taxi pour aller à l'école. Il faut descendre un escalier escarpé pour arriver à l'école Thumi Sambhota, où nous sommes accueillis par des enfants rieurs, curieux et un peu intimidés... tout comme nous le sommes nous-mêmes...



Puis nous rencontrons Chhemi, la directrice pédagogique de l'établissement, qui nous explique que les enfants scolarisés ici sont pour la plupart internes, leurs parents habitant dans des régions reculées du Sikkim, dans la montagne... La plupart d'entre eux ne voient leur famille que deux fois par an, lors des vacances d'été et des vacances d'hiver. Le Welfare Office fait des campagnes d'information dans les montagnes, pour expliquer aux familles qu'il est important que leurs enfants puissent être scolarisés. C'est ainsi que Nawang Namgyal, fils de bergers nomades qui gardent des yaks dans le Nord du Sikkim, s'est retrouvé ici, sa petite sœur est venue le retrouver 2 ans plus tard, sa grande sœur est maintenant à l'école de Kalimpong où il la rejoindra l'année prochaine, tandis que son frère aîné est resté auprès de leurs parents.

Valérie, Téo et Nawang


Nyima, Eric, Nawang, Valérie, Chhemi

La rencontre avec Nawang est émouvante, nous sommes tous assez intimidés... Nous lui offrons une montre de la part de mes parents, nous échangeons quelques mots avec lui - en anglais - au sujet de sa vie ici, de ses parents...
Nous convenons que nous passerons la journée de demain avec lui et sa petite sœur, car le lendemain, c'est le jour de l'indépendance de l'Inde (15 août) et il n'y pas classe.
Chhemi nous emmène alors visiter l'école.


le parvis, où débute une partie de foot...


les dortoirs


la classe de Nawang




la bibliothèque

un spectacle est en train de se monter à côté...

dans un autre bâtiment...

le réfectoire des filles
le labo de langues, fierté de l'école... Nawang apprend 4 langues : tibétain, anglais, hindi et nepali

le labo de sciences





la salle des professeurs...

... et ces devises qui parsèment l'école...

la cuisine
Nous sortons de cette visite impressionnés par un certain nombre de choses... d'abord l'accueil qui nous a été fait, nous qui débarquons comme ça de nulle part, chaleur, franchise, dignité, humanité, comment dire ? Et puis ces enfants, élevés un peu à la dure il faut bien le dire - cette école formidable ne ressemble pas vraiment à ce que nous connaissons ici en termes d'équipements et de moyens... - ces enfants que nous avons croisés ont l'air bien, au premier coup d'œil s'entend... mais ce coup d'œil en dit parfois long. Il semble régner ici une certaine sérénité, qui a sans doute pour prix une discipline quasi-militaire (réveil 5h, 1h de jogging, 1h de yoga, PUIS déjeuner, nous l'apprendrons le lendemain en parlant avec Nawang), mais de cette discipline nous n'avons vu aucun signe tangible...
Nous nous quittons en nous disant à demain, salués au loin par Nawang et ses copains.




Nyima nous accompagne alors vers le Namgyal Institute of Tibetology, qui devait être fermé ce jour-là, mais que par une chance incroyable nous pouvons visiter : le gouverneur du Sikkim y rend une visite privée, et on nous laisse entrer...
Puis nous prenons le téléphérique de Gangtok avant de rentrer à notre hôtel à pied. Nous parlons beaucoup avec Nyima, de ses voyages en Europe, de sa famille, de philosophie, de choses et d'autres... C'est un homme formidable, et nous devions ne plus le revoir, car le lendemain il partait en mission à Kalimpong. J'espère que nous nous reverrons un jour.





Le lendemain à 10h nous sommes à l'école, où nous venons chercher Nawang et sa petite sœur Tsering Chokey. Ils sont tout beaux, habillés en dimanche... avec des vêtements dont nous apprendrons plus tard qu'ils leur ont été prêtés (on s'en doutait un peu : les Adidas de Nawang sont bien trop grandes pour lui...)
Nous voilà partis en taxi tous les 5. Programme de la journée : une visite dans une sorte de parc d'attractions qui sert aussi de musée de l'énergie, puis visite au monastère de Lingdum, puis au célèbre monastère de Rumtek, où nous attend un ami de Nyima, professeur de tibétain, qui doit nous faire une visite guidée.


Lors d'un pause-café au parc, Nawang et Tsering Chokey nous écrivent leur noms en tibétain, avec force explications sur l'alphabet, puis ils écrivent chacun de nos noms en tibétain...


Manque d'habitude des trajets en voiture ou stress de la situation, Nawang ne se sent pas très bien sur la route de Lingdum... On s'arrête, on respire... il faut dire que la route ressemble à ça :


mais aussi à ça :


Le monastère de Lingdum...





Puis Rumtek, où nous sommes accueillis par l'ami de Nyima (mille pardons, je n'ai pas noté son nom), qui nous fait la visite guidée et très commentée.
Sur la place du village de Rumtek, des jeux-concours faits par des écoliers à l'occasion de la célébration de l'Indépendance indienne, et qui constituent une attraction pour les jeunes moines...













Nous reprenons le chemin de Gangtok, pause-déjeuner dans un petit restaurant sur la route... puis nous allons faire quelques emplettes en ville ; mission : équiper en vêtements-chaussures nos deux protégés. On y arrive au bout de quelques péripéties (expliquer le mode d'emploi d'une cabine d'essayage à Tsering Chokey, qui a l'air un peu perdue...) Après une dernière razzia chez un de ces marchands de sucreries en tous genres de leurs amis, afin qu'ils puissent partager un bon moment avec leurs copains de dortoir, nous allons prendre un dernier verre avec Nawang et Tsering Chokey.




Nous sommes tous fatigués, nous partageons une pizza, j'appelle Nyima pour qu'il prévienne l'école que nous les ramènerons un peu tard... Nous prenons et regardons des photos, parlons de l'avenir... Nawang aimerait bien être footballer, il est très bon... d'ailleurs, dans ce bar où nous sommes, un écran géant s'allume pour diffuser des extraits de matches ! Sinon son ambition serait de devenir médecin. Il a de très bons résultats à l'école, nous a dit Chhemi. Sa scolarité est assurée jusqu'à l'équivalent indien du bac, mais après ? Tsering Chokey est plus jeune, elle a dix ans, ne parle pas encore anglais, la communication est plus difficile... nous apprenons néanmoins qu'elle joue de la guitare tibétaine et chante. Elle aimerait devenir chanteuse. La fatigue aidant, Nawang s'est détendu, Téo lui fait écouter les maquettes de son groupe sur son IPod, apprend que Nawang est fan de Iron Maiden (qui l'eût cru ?).. et du FC Barcelone !
L'heure des adieux se rapproche, nous avons le cœeur serré...
Enfin nous reprenons un taxi pour retourner à l'école, il fait nuit noire...
Arrivés là-bas, nous cherchons un responsable pour leur confier les enfants, mais il n'y a pas d'adulte présent : les enfants sont en autogestion totale pour la nuit, tout est calme, quelques enfants sont sur les balcons des dortoirs, Nawang et Tsering Chokey arrivent avec leurs sac à provisions, nous emmènent à leur étage, et on se quitte. Avant de partir, Nawang lâche à Valérie "Don't worry, we study hard and we're OK". Nous remontons l'escalier escarpé, le cœur gros...

pour parrainer un enfant tibétain : Le Toit Du Monde